.G est composé de 7 thèmes musicaux, 7 poèmes écrits qui constituent une base laissant libre cours à la spontanéité créatrice des 4 protagonistes.
L’architecture rythmique de ce spectacle tisse des correspondances entre les répertoires du galoubet-tambourin provençal et du tamburello italien, auxquels vient se frotter un langage imaginaire délicieux fait de mots détournés, étirés, découpés, chuchotés et criés.
Le duo formé par C. Rizzo et M. Montanaro nous enlace dans une ambiance parfois extatique (montées percussives), parfois féérique, bourdonnante, presque mystique… Cette ambiance sonore laisse place à l’imaginaire foisonnant des performeuses C. Jauniaux et N. Nagy, qui viennent tapisser ces percussions de sons, de chants et de coups de pinceaux impromptus.
DE LA MUSIQUE À LA COULEUR
Quand la musique parle au coeur, tout devient possible : traduction immédiate par le geste, par la parole, par la couleur… Oui, aussi par la couleur !
Ainsi, la douceur cadencée, continue, peut se métamorphoser, par exemple, en une horizontale, symbole de l’horizon paisible, illimité ; la chute brutale, en une verticale irrémédiable ; les brisures de rythmes, les cassures, peuvent se traduire par toutes sortes de zigzags… Ces lignes sont suggérées par la baguette du chef d’orchestre… Alors, dans la paisible horizontale, peuvent naître et s’étendre des gammes généreuses de bleus, des bleus patients et sombres, dans l’attente, mais clairs dans l’aérien, le vaporeux, l’incertain, le « peut-être »…
Quand tout à coup déferle l’action, vibrante, violente, charnelle, sont alors suggérés tous les rouges, le sang de toutes les passions… Voilà les étendards écarlates, les jets brutaux, expressions de désirs, de plaisirs, de désespoirs ou de rages…
Quand la musique parle au coeur, tout devient possible : les jaunes expriment à leur tour la tendresse, la joie, la lumière de l’âme… Il suffit de laisser entrer en soi ces sources d’harmonies, peut-être savantes, mais qui coulent spontanément, limpides, cohérentes, parfaites… Le blanc stellaire n’est pas loin : il traduit la légèreté, l’impalpable, l’insaisissable…
Quand la musique parle au coeur, qu’entre au plus profond de nous une impression de danger, de menace, même subtile, à peine suggérée, le gris s’installe, chasse la lumière, le sombre gagne, le noir s’impose…
Mais, l’instant d’après, par la magie du compositeur, un vert joyeux de notes chasse l’ombre, et tout s’égaye dans notre âme : des arcs-en-ciel se croisent et nous emportent… La joie, une joie immense, nous entraîne dans un festival de lumières, une danse de soleils…
Quand la musique parle au coeur, tout devient possible, et la traduction immédiate par les couleurs, une évidence !
Alain Billy