Le compositeur et interprète français Miquéu Montanaro est à La Havane pour le lancement du CD Vaivén, enregistré à Cuba l´année dernière avec des artistes cubains.
Le disque, parrainé par l´Alliance Française et l´Union des Écrivains et des Artistes de Cuba (UNEAC), sera présenté lors d’une tournée nationale incluant les villes de Matanzas, Cienfuegos, Bayamo et Santiago de Cuba, pour conclure au siège de l´UNEAC, le 13 mars à La Havane.
Miquéu Montanaro a enregistré le CD Vaivén avec BisMusic, il comprend des chansons avec des paroles de Rafael Alberti sur une musique du même Miquéu Montanaro et des arrangements d´Orlando Cubajazz Sánchez. Les musiciens sont : Montanaro, flûtes et accordéon ; Danae Blanco, voix ; Orlando Cubajazz Sánchez, piano, basse, saxo et clarinette ; Baltazar Montanaro, violon ; Efraín Ríos, tres (guitare cubaine à trois cordes doublées) ; Ernesto Plá ; batterie et percussions, et Roberto García, trompette.
Le disque inclut les poèmes Salinero, Dime que sí, Mi corza, Carybé, Canción del ángel sin suerte, Boca, Balada de Don Amarillo, Dejadme llorar a mares, Lo sabe ya todo el pueblo, De La Habana ha venido un barco, Recuérdame en alta mar, Dondiego sin don, Amigo de la pena et Vaivén, qui donne le titre à l´album.
Aitana Alberti, la fille du génial poète de Cadix a dit : « … quand je l´ai écouté, j´ai compris que le talent peut tout, et plus encore quand la voix si transparente de Danae Blanco et des interprètes d´exception sont chargés de faire une réalité sonore ce que la sensibilité du compositeur a porté à la partition ».
Vaivén constitue un crossover inhabituel entre la tradition poétique andalouse dans la voix de l´un de ses plus grands poètes, et l´amalgame éruptif de la musique cubaine, les deux filtrées par la sensibilité d’un provençal ouvert au monde. (ahora). Agramonte.
LES VOYAGES
J’ai vu travailler Miquèu en résidence à Medellin et La Havane.
Le résultat : deux albums magnifiques Suite Colombiana et Vaiven. Qu’on pourrait qualifier d’anthropologiques par la justesse, à travers la musique, de la description, par la retranscription d’un vécu finement transposé grâce à sa sensibilité. Artiste. Mais ils sont si pleins de poésie et d’émotion qu’ils transcendent et subliment la réalité, leur permettant ainsi de parler de partout, de tous, à tous.
La méthode est à l’image de l’homme : écoute. Pas seulement musicale.
Montanaro est fêlé.
Et par cette fêlure il entend les bruits, les plantes, les animaux nous parler. Alors il enregistre. Vraiment fêlé il pense même que les hommes aussi nous parlent, alors il enregistre. Et il écoute.
Ecoute puis écriture, composition, au piano, et enfin la transmission croisée. Les musiciens avec lesquels il a noué des contacts réalisent l’orchestration, les rythmes (colombiens, cubains ou africains selon le pays où il se trouve), donnent la couleur.
Rien ne se perd, tout s’ajoute. C’est une juxtaposition une confrontation pas un mélange.
Il ne s’agit donc pas d’un échange simple qui serait déjà louable en soi. C’est une démarche interculturelle de co-construction. Ou mieux, même si ce ne sont pas des textes, de déconstruction au sens Derridien du terme, c’est à dire d’analyse des structures (travail de musicologue) de remise à plat des langages, musicaux en l’occurrence, pour projeter mieux une pensée. Travail sur les marges, souvent, qui s’accommode du clair-obscur qu’affectionne Montanaro même si le lumineux fait irruption au détour des nombreux changements de tempo de ses compositions.
Je ne dirais pas acculturation mais travail sur l’altérité qui pour lui, comme pour nous, interroge, nous fait réfléchir en miroir sur nous mêmes.
Travail d’esthète, travail d’athlète (il est infatigable), artisanat : PLAISIR.
André de Udeba