Compagnie Montanaro

AMOURS

Baltazar, né en 1983 dans le Var (83), débute le violon à l’âge de neuf. En parallèle d’un cursus d’études classiques, il suit pendant quatre ans les cours de musiques traditionnelles données par Patrice Gabet du collectif Aksak. Sa rencontre avec Pierre Besozzi est déterminante : il lui transmet sa passion pour l’instrument et le conduit à devenir musicien professionnel.
Baltazar est un joueur de violon mais aussi un chercheur. Il cherche le souffle et le mouvement dans des sons originaux, se servant de la technique comme outil de recherche sonore et exagérant ses bases classiques pour leur donner une âme propre et nouvelle. Son répertoire et son jeu s’inspirent de ses origines hongroises par des bribes de mélodies traditionnelles et de techniques propres à l’Europe Centrale.
La multiplicité de ses collaborations lui ont permis de développer une esthétique qui intègre chaque fois d’autres styles musicaux. L’originalité de son jeu et sa préoccupation pour le public lui permettent de mêler divers courants musicaux et d’entraîner son auditoire dans son exploration, en utilisant la puissance de la matière sonore pour enclencher le mouvement des corps.

« Amours » est une prise de vue. Baltazar Montanaro, accompagné de son violon baryton, des mélodies du monde et de son talent d’improvisateur, marque ses engagements présents, en puisant dans son parcours de musicien, composé depuis plus de 15 ans, de poésie, de rencontres et de création artistique.
Faisant suite à Nü (2013) et Szoledad (2007), Amours sera le témoin de mes engagements présents comme le fait d’œuvrer au quotidien au rapprochement des humains de tous bords, d’aider financièrement des ONG… par des stages, rencontres, concerts militants dans des lieux alternatifs, dans les écoles, en bref là où se construisent les adultes de demain. Témoin également des combats nécessaires, pour endiguer les fondamentalismes, la haine de l’inconnu, de l’étranger et des différences mais aussi pour laisser la place à la beauté dont chaque être est capable s’il est écouté et respecté. Celle qui est présente dans chaque chose que la nature propose, et dont l’artiste cherche à reproduire la sensibilité, la perfection.
Dans un monde où la quête de la croissance sans fin, aveugle, pousse au rendement maximum, au dépend de la main d’œuvre humaine et de la nature, continuant malgré tout son train d’enfer en direction de son auto-destruction programmée, il me semble important de ralentir pour laisser la place au silence, à l’imaginaire de chacun, car nous sommes tous dotés d’une machine terriblement efficace nommée le cerveau, qui permet une infinité de combinaisons d’images, de couleurs, d’émotions.
C’est cette liberté, propre à l’auditeur, que je cherche à éveiller dans ma musique, navigant parfois entre des séquences mélodiques, chez chacun évocatrices de souvenirs personnels, où par des ambiances sonores créatives d’univers dans lesquels il est possible de naviguer à souhait. Par l’utilisation de différents modes venant des musiques traditionnelles, du monde ou jazz, je cherche à provoquer chez le public une cascade de sentiments, de désirs, de fantaisies. Je souhaite offrir aux gens un espace temps de lâcher prise, de mise en abîme et tout simplement d’écoute. En tant que musicien, ce qui m’importe est de donner, coûte que coûte, de la poésie.
Dans ce nouveau disque j’ai envie d’explorer toutes les facettes que me propose le violon baryton, la largeur de sa palette sonore et de son spectre qui colle parfaitement au timbre de ma voix. L’enregistrement en studio permet de jouer avec le son, d’élargir les possibilités par rapport à la nudité du concert, jouant ainsi plusieurs voix en même temps, incorporant des sons d’ambiance… Mes influences qui mêlent les musiques du monde, traditionnelles, improvisées et savantes pourront trouver leur équilibre dans cet opus que je prévois enragé et amoureux fou.
J’aimerais accompagner ces musiques de pièces vidéos, sortes de clips poétiques, où se mêlent aux sensations sonores, des impressions visuelles, des couleurs, des contrastes : une poésie du regard. L’image offre de multiples facettes que je souhaite explorer sans tomber dans l’anecdotique ou le descriptif, afin de donner une autre matière à rêver et de participer, par des sources inhérentes à mon identité créatrice, à la construction d’imaginaire singulier chez l’autre.
Autours de l’idée simple qu’est le violon solo, j’envisage la mise en commun de différentes énergies créatrices telles que la vidéo, l’art graphique ou la danse, sans barrière aucune à la rencontre et à l’initiative extérieures. La création de liens, comme résistance à l’absurdité d’un monde aveuglé par l’idée de croissance, passe, me semble-t-il, par le partage d’expertises et de moyens, émanant à la fois du côté artistique et du côté production, dans le but ultime de restituer au maximum la force de la création et de la rendre accessible au plus grand nombre.